Armes nucléaires: Trump hausse le ton face à la Corée du Nord

L’escalade de l’intimidation entre les Etats-Unis et la Corée du Nord a franchi un nouveau palier  le mardi 08 Août 2017. Après des révélations sur la capacité potentielle de Pyongyang à tirer des missiles équipés de bombe nucléaire, le président américain Donald Trump a répondu du tac au tac, et avec une virulence rare, avertissant son adversaire qu’il risquait une réplique militaire d’une puissance historique. Alors que les experts estimaient jusqu’à présent que l’armement nord-coréen était encore loin de pouvoir représenter une menace directe sur les Etats-Unis, la donne changerait considérablement si les 30 à 60 ogives nucléaires dont disposerait la Corée du Nord pouvaient être envoyées sur une longue distance.

On savait que la Corée du Nord avait déjà testé plusieurs engins atomiques, et réussi deux lancements de missiles balistiques intercontinentaux. Mais ce que révèle un rapport secret d’experts du renseignement américain, c’est que Pyongyang aurait désormais réussi à miniaturiser ses bombes afin de pouvoir les larguer sur une longue distance, indique notre correspondant à New YorkGrégoire Pourtier.

Alors que Donald Trump s’est déjà engagé dans une confrontation désordonnée, le rapport de force ne serait plus le même si la Corée du Nord devenait effectivement une puissance nucléaire à part entière.

Réplique immédiate

Excédé, le président américain a choisi de répliquer immédiatement avec des mots qui ne laissent pas augurer d’un apaisement de la situation avec son homologue Kim Jong-un. « Il a proféré des menaces bien trop graves. Il leur sera répondu par le feu, la colère, et franchement, avec une puissance telle que le monde n’en a jamais vu. »

Alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU avait encore renforcé ses sanctions il y a quelques jours, c’est bien à un tête-à-tête Etats-Unis/Corée du Nord auquel on assiste. Mais si l’on ignore encore si les côtes ouest-américaines pourraient être bientôt réellement menacées, Trump semble faire fi de l’équilibre fragile de cette partie de l’Asie, où le Japon et surtout la Corée du Sud seraient encore plus en danger, et où la Chine continue de jouer sa propre partition.

De son côté, le président sud-coréen a appelé à une révision complète et approfondie de l’armée de son pays, rapporte notre correspondant à SéoulLouis Palligiano. Moon Jae-in souligne un besoin « urgent » de renforcer ses capacités de défense contre l’évolution des technologies nucléaire et balistique en Corée du Nord. La politique de la main tendue de Séoul en direction de son turbulent voisin ne semble plus d’actualité.

Trump loin de faire l’unanimité

La vive réaction de Donald Trump est cependant loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique américaine, reprend notre correspondant à New YorkGrégoire Pourtier : « Les grands dirigeants que j’ai vu ne maniaient pas la menace, à moins d’être réellement prêts à agir, et je ne suis pas certain que le président Trump soit prêt à agir ». Ces mots sont de John McCain, ancien pilote militaire et membre éminent du parti républicain. Ils traduisent la circonspection provoquée par Donald Trump au sein même de son camp, après ses propos belliqueux envers la Corée du Nord.

« C’est du classique Trump, il en fait trop… », a aussi soufflé le sénateur. Si le président de la commission de Défense était surtout déconcerté par le ton employé, d’autres élus républicains préféraient insister sur la nouvelle menace représentée par Pyongyang, et sur la nécessité d’y réagir avec fermeté. « C’est indiscutablement la plus grande crise depuis la Crise des missiles de Cuba », en 1962, estimait par exemple un élu californien.

Un bombardier stratégique américain B1B «Lancer» se prépare à une mission sur le Pacifique.U.S. Air Force/Sgt. Richard P. Ebensberger/Handout via REUTERS

Discrédit ?

L’épisode actuel pourra-t-il lui aussi se régler grâce à un dialogue public ou confidentiel ? Personne ne semble trop croire au déclenchement imminent d’un conflit nucléaire, mais l’opposition démocrate a regretté que les réactions impulsives de Trump puissent discréditer la diplomatie et l’armée américaine. Un représentant de la Commission des Affaires étrangères a ainsi critiqué une « absurde ligne rouge » tracée par le président, qui ne manquera pas, non plus, de semer le trouble parmi ses alliés.

Alors que personne ne semble trop comprendre la stratégie qui pourrait se cacher derrière cette nouvelle escalade verbale, beaucoup s’inquiètent surtout de voir que Trump, « commandant en chef » depuis plus de six mois, navigue toujours à vue dans les eaux de la péninsule coréenne.


La Corée du Nord dit envisager de frapper l’île de Guam

Quelques heures après les déclarations de Donald Trump, la Corée du Nord a dit mercredi « examiner soigneusement » un projet de frappe sur l’île de Guam, dans le Pacifique. Un territoire appartenant aux Etats-Unis et qui abrite plusieurs bombardiers stratégiques américains.

Le projet de frappe pourra être « mis en pratique » dès que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aura pris une décision, a annoncé un porte-parole de l’Armée populaire de Corée, cité par l’agence officielle KCNA.

La Corée du Nord pourrait en outre mener une opération préventive si les Etats-Unis montrent des signes de provocation, a annoncé un autre porte-parole dans un second communiqué. Pyongyang s’est également dit prêt à mettre en place un conflit armé global en cas de déclenchement par les Etats-Unis d’une guerre préventive contre lui.

Source:rfi.fr
11 Août 2017

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