Stanislas Ouaro,ministre de l'éducation nationale, de l'alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENA/PLN) du Burkina Faso.

Journée internationale de l’alphabétisation le 8 septembre:message du ministre burkinabè de l’éducation

Message  DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE, DE  L’Alphabetisation et de la promotion des langues nationales

Proclamée par la conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) en 1965, la Journée Internationale de l’Alphabétisation (JIA) est célébrée chaque année, le 08 septembre.  Ainsi, la commémoration de la JIA est une opportunité pour tous les acteurs et partenaires de l’éducation de marquer un arrêt pour une réflexion féconde, une recherche de solutions pertinentes et durables, susceptibles d’impulser un véritable essor de l’Alphabétisation.C’est le lieu également pour moi de reconnaitre et de saluer les nombreuses initiatives individuelles et collectives ainsi que les progrès réalisés grâce auxquels, d’année en année, l’analphabétisme recule dans nos villes et campagnes. La JIA m’offre également l’opportunité d’avoir une pensée pour tous les acteurs de l’Alphabétisation qui ont été éprouvés au cours de cette année 2019.

Cette année, la célébration est placée sous le thème « Alphabétisation et multilinguisme ». Selon les estimations, les langues parlées dans le monde se situeraient entre 6000 et 7000 langues. Certains pays comme l’Islande sont linguistiquement homogènes. En revanche, de nombreux autres pays présentent une très grande diversité linguistique.

Pendant que notre pays compte cinquante-neuf (59) langues, l’Indonésie par exemple compte plus de 700 langues et la Papouasie-Nouvelle-Guinée plus de 800 langues. Parmi ces langues, certaines ne sont pas reconnues, d’autres sont menacées de disparition.

En choisissant de commémorer la JIA sous le thème « Alphabétisation et multilinguisme », l’UNESCO voudrait davantage interpeller la communauté internationale sur la nécessité d’une correction dans les politiques publiques de cette injustice qui contribue à dénier à des millions de personnes à travers le monde, leur droit fondamental à préserver et à valoriser la langue porteuse de l’identité et de la culture de leur communauté.

Dans le contexte de la mondialisation des échanges, le choix de ce thème me paraît judicieux car, il invite chacun de nous à adopter un état d’esprit multilingue qui célèbre et promeut la diversité linguistique comme une norme mondiale de lutte contre les discriminations linguistiques et qui participe au développement de comportements d’ouverture et d’acceptation de l’autre.

Reconnaître et respecter une langue, c’est valoriser une personne. Apprendre et parler plusieurs langues, c’est s’ouvrir davantage l’horizon afin de mieux percevoir et comprendre les nuances socioculturelles des cultures associées à ces langues.

Le Gouvernement du Burkina Faso est conscient que le multilinguisme est une arme efficace non seulement de communication et de compréhension interindividuelle mais aussi et surtout un vecteur de cohésion sociale, de vivre ensemble. La vision du Plan National du Développement Economique et Social (PNDES) à l’horizon 2020, « le Burkina Faso, une nation démocratique, unie et solidaire, transformant la structure de son économie pour réaliser une croissance forte et inclusive, au moyen de modes de consommation et de production durables« , qui consacre entre autres la volonté politique de mettre à profit les dimensions humaines à travers l’axe 2 « développer le capital humain », s’inscrit dans cette dynamique.

Dans cette optique, un engagement ferme est pris par le Gouvernement pour conférer aux langues nationales du Burkina Faso, un rôle prépondérant dans les actions de développement socioéconomique et de cohésion sociale et ce,  en attribuant au Ministère en charge de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, la mission de promouvoir nos langues nationales. Ainsi, nous avons désormais en charge le développement d’actions pour mettre à l’évidence les valeurs intrinsèques de nos langues nationales et pour faire de l’alphabétisation un moteur de développement de compétences diverses et multiformes, susceptibles de contribuer de façon dynamique à la transformation structurelle de l’économie burkinabè pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être social.

Dans ce sens, un processus est engagé pour donner à toutes nos langues un statut permettant leur promotion et leur officialisation. A cet effet, une loi d’orientation portant modalités de promotion et d’officialisation des langues nationales du Burkina Faso a été soumise à  l’Assemblée nationale, laquelle a été voté à l’unanimité le 23 mai 2019.

Mesdames, Messieurs

Chers partenaires,

La synergie d’actions de tous les acteurs a permis au ministère d’enregistrer des résultats appréciables dans les domaines de la valorisation des langues nationales et de l’’alphabétisation parmi lesquels, nous pouvons citer:

  • la création d’un Secrétariat permanent de la Promotion des Langues nationales
  • la création d’un Secrétariat permanent de la Stratégie de Scolarisation accélérée/Passerelle (SSA/P) ;
  • la consolidation des capacités d’accompagnement des opérateurs en alphabétisation et éducation non formelle ;
  • l’opérationnalisation du document cadre d’appui du Fonds pour l’alphabétisation et l’éducation non formelle (FONAENF) aux collectivités territoriales pour la gouvernance locale de l’alphabétisation et l’éducation non formelle ;
  • l’alphabétisation en 2018, de soixante-huit mille cent quatorze (68 114) apprenants dont cinquante-et-un mille six cent soixante-huit (51 668) femmes dans vingt-six (26) langues ;
  • l’adoption du Programme d’Alphabétisation/Formation des Adolescents, des Jeunes et des Adultes (PAFAJA) ;
  • l’adoption du socle fédérateur des programmes et approches de formation en éducation non formelle au Burkina Faso ;
  • la mise en place d’un mécanisme de concertation et de dialogue entre les acteurs de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle à travers des rencontres régionales et provinciales.

En perspectives, il me plait de noter des concertations nationales en vue de l’élaboration d’une politique linguistique consensuelle d’utilisation de nos langues nationales dans les divers domaines de la vie dans notre pays.

Mesdames, Messieurs

Chers partenaires,

Par conséquent, je lance un appel solennel à tous les partenaires techniques et financiers, aux responsables des collectivités territoriales, aux opérateurs en alphabétisation et promoteurs de formules d’alphabétisation et d’éducation non formelle ainsi qu’aux différents bénéficiaires des services d’alphabétisation à œuvrer chacun à son niveau et en ce qui le concerne, pour une véritable promotion de nos langues nationales. Les actions futures devraient donc viser :

– le renforcement de la mobilisation des ressources pour le financement, le suivi et la supervision des activités d’alphabétisation ;

– l’application effective des normes d’évaluation et de certification en éducation non formelle ;

– le suivi effectif de l’efficacité interne et externe du sous-système d’ENF  avec une maîtrise des données statistiques ;

– la mise en œuvre des activités identifiées dans le cadre du PAFAJA ;

– l’élaboration d’une stratégie de développement de l’éducation non formelle assortie d’un plan d’action ;

– l’accompagnement des néo-alphabétisés afin de leur permettre de mettre en œuvre les formations techniques spécifiques qu’ils reçoivent.

Mesdames, Messieurs

Chers partenaires,

Nous nous devons nous engager tous davantage à promouvoir et à valoriser toutes les ressources linguistiques. C’est bien à ce prix que nous gagnerons le combat contre l’obscurantisme, l’ignorance et les autres formes d’extrémismes violents.

Vive la Journée Internationale de l’Alphabétisation !

Je vous remercie

Pr.  Stanislas OUARO

Officier de l’Ordre des Palmes Académiques

11 septembre 2019                                Laborpresse.net

 

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