Pr Stanislas OUARO, Ministre de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN) du Burkina Faso.

Burkina Faso: bilan des attaques terroristes dans le système éducatif et mesures gouvernementales

DECLARATION LIMINAIRE du Pr Stanislas Ouaro,ministre de l’éducation nationale,de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN)

(Conférence de presse du 6 Février 2020)

Mesdames et messieurs les journalistes,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

Avant tout propos, je voudrais vous adresser mes salutations les plus cordiales et ma reconnaissance renouvelée pour la dynamique partenariale et interactive que vous entretenez avec l’ensemble des acteurs du monde de l’éducation et dans laquelle je m’inscris.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Le 4 janvier 2020, nous avons tous été consternés devant l’acte ignoble qui a coûté la vie à 14 Burkinabè dont 7 élèves. Avant et après eux, bien d’autres de nos concitoyens ont perdu la vie suite aux attaques terroristes qui endeuillent nos familles. Durant la seule année 2019, c’est 480 burkinabè (FDS et civils) qui ont perdu la vie dans cette guerre qui nous a été imposée par ces forces du mal. Depuis le début des attaques terroristes, c’est au total dix (10) enseignants qui ont été lâchement assassinés.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Le Burkina Faso vit l’un des moments les plus difficiles de son histoire car depuis janvier 2016, notre pays subit des attaques terroristes qui causent la mort d’hommes, de femmes et d’enfants, plongeant de nombreuses familles dans le désarroi et entraînant le déplacement des populations à l’intérieur du pays. Ces attaques terroristes touchent plusieurs localités de notre pays et visent à mettre à mal notre démocratie, notre cohésion sociale, voire notre vivre-ensemble.

Tous les secteurs de développement sont affectés mais celui de l’éducation est l’un des plus éprouvés. En effet, les acteurs de l’éducation ont souffert de menaces, de violences physiques et d’assassinats sans compter les incendies d’infrastructures éducatives et la destruction de matériels didactique et pédagogique, etc.

Mesdames et Messieurs les journalistes,

A la date du 30 janvier 2020, nous enregistrons 2 369 établissements fermés affectant 325 245 élèves et 10 048 enseignants avec 623 établissements endommagés. Cependant, il faut signaler que suite à l’attaque de Lamdamoal, on enregistre à la date du 3 février 2020, 36 écoles primaires fermées dans la commune de Bani, province du Séno.

Les milliers de personnes déplacées internes dont de nombreux élèves ont occupé des salles de classes, occasionnant parfois leur détérioration et nécessitant leur réhabilitation.

Pour faire face à cette situation de l’éducation dans les zones affectées par l’insécurité, le Gouvernement à travers le MENAPLN a adopté le 21 février 2019 la Stratégie de scolarisation des élèves des zones à forts défis sécuritaires (SSEZDS) 2019-2024 et créé en avril 2019 dans le nouvel organigramme du ministère, le Secrétariat  technique de l’Education en Situation d’Urgence. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, le Ministère en collaboration avec les partenaires techniques et financiers et les autorités politiques et administratives des zones affectées, a mené plusieurs actions dans le sens de la reprise des activités pédagogiques pour assurer la continuité de la scolarisation des enfants des zones concernées.

On peut citer entre autres :

  • le regroupement des élèves des classes d’examen en vue de leur administrer des cours de rattrapage  suivi de l’organisation de la session spéciale des examens et concours scolaires ;
  • la formation des enseignants, des membres de la communauté (APE/AME/COGES) et des agents de santé  à l’approche « safe school » pour accroître leur résilience face à la crise sécuritaire ;
  • l’élaboration des programmes d’éducation en situation d’urgence pour les enseignements du primaire, du post-primaire et du secondaire ;
  • l’inscription des élèves déplacés dans des établissements d’accueil ;
  • le redéploiement des enseignants des établissements fermés.

Ces actions, avec les succès enregistrés par les différentes opérations de sécurisation ont permis de réduire l’impact de la crise dans les zones concernées de sorte qu’on note à la même date du 30 janvier 2020 la réouverture de 824 établissements scolaires.

Il faut noter également :

  • la réinscription de plus de 20 000 élèves des établissements fermés ou élèves déplacés internes dans des établissements d’accueil (élèves recensés) ;
  • la réhabilitation des établissements endommagés suite à leur occupation par les personnes déplacées internes ;
  • la réalisation d’infrastructures pour accueillir les élèves déplacés ;
  • les initiatives locales d’accueil et d’inscription des élèves des personnes déplacées internes.

En dépit de tous ces efforts, la crise sécuritaire persiste et continue d’affecter le système éducatif dans six (06) régions que sont la Boucle du Mouhoun, le Nord, le Sahel, l’Est, le Centre Nord, le Centre-Est, et, elle s’étend à d’autres régions que sont le Centre-Sud et les Cascades où on avait enregistré des établissements fermés mais ont tous réouvert sauf une école au Centre-Sud qui est toujours fermée. Cette situation à la fois préoccupante et volatile laisse ainsi présager une difficile scolarisation des enfants ou même l’impossibilité de poursuivre les activités pédagogiques dans certaines localités de ces régions.

Nous enregistrons au stade actuel vingt-sept (27) communes où tous les établissements scolaires sont fermés, cinquante-quatre (54) communes où une partie des établissements scolaires est fermée avec une quinzaine où plus de la moitié desdits établissements est fermée.

C’est pourquoi les 23 et 24 janvier 2020, nous avons organisé un Conseil de Cabinet extraordinaire élargi sur l’Education en Situation d’Urgence qui a réuni les responsables des structures du ministère, les responsables politiques et administratifs, les partenaires sociaux de l’éducation que sont les ONG, les parents d’élèves, les syndicats, les Forces de Défense et de Sécurité des régions touchées par l’insécurité, ainsi que certains départements ministériels clés dans la gestion de l’éducation en situation d’urgence.

Notre objectif, à travers ce Conseil de Cabinet extraordinaire élargi était qu’ensemble, nous puissions mener la réflexion, faire une analyse objective et multidimensionnelle de la situation qui prévaut dans le secteur de l’éducation pour prendre des décisions éclairées, appropriées et consensuelles pour une meilleure gestion de l’éducation dans les régions à forts défis sécuritaires.

Mesdames et messieurs les journalistes,

A l’issue de ce Conseil, les recommandations suivantes ont été formulées :

  • La mise en place d’un fonds d’urgence au MENAPLN avec des procédures de gestion exceptionnelles pour une prise en charge des situations d’urgence ;
  • L’enlèvement diligent des vivres, du mobilier et des équipements dans les établissements fermés et dans les magasins de transit pour les acheminer dans les établissements d’accueil après leur immatriculation et avec l’appui des Forces de Défense et de Sécurité ;
  • La mise en place d’un dispositif de retrait des ressources transférées aux communes où tous les établissements sont fermés au profit des communes d’accueil en tenant compte de l’évolution de la situation et en concertation avec toutes les parties prenantes (MENAPLN, MINEFID, MATDC) ;
  • L’organisation d’une collecte de fonds auprès des acteurs du MENAPLN en soutien aux FDS dans leur mission de sécurisation du territoire, aux familles des victimes et aux populations déplacées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Dans le cadre de la mise en œuvre d’une de ces recommandations qui par ailleurs a été validé par le CASEM ordinaire du MENAPLN, tenu le 30 janvier 2020, nous procédons aujourd’hui au lancement officiel d’une collecte de fonds auprès des acteurs du Ministère de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales (MENAPLN) pour soutenir les FDS dans leur mission de sécurisation du territoire, les familles des victimes des attaques terroristes et les personnes déplacées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

L’objectif visé par cette collecte de fonds est de promouvoir une éducation à la solidarité et à la citoyenneté au sein de la communauté éducative.

D’une manière spécifique, cette collecte permettra de participer à l’élan de solidarité en faveur des FDS et des victimes des attaques terroristes et de mobiliser des ressources financières auprès de toute la communauté éducative pour soutenir nos FDS dans la lutte contre le terrorisme, les familles des victimes et les populations déplacées internes.

Mesdames et messieurs les journalistes,

La collecte des fonds se fera de manière volontaire auprès des structures centrales, déconcentrées, rattachées, de mission, des établissements d’enseignement (personnels administratif et de soutien, enseignants, et élèves) et les structures de l’éducation non formelle (superviseurs, animateurs et apprenants). Sont également concernés par cette collecte les stagiaires des Ecoles nationales des Enseignants du primaire.

Le MENAPLN compte plus de 114 000 agents de la Fonction publique répartis dans 22 structures centrales, 12 structures de mission, 9 structures rattachées, 604 structures déconcentrées et 19 891 établissements scolaires publics et privés dont 1 089 du préscolaire, 15 082 du primaire et 3 936 du post-primaire et secondaire, 109 Centres d’Education de Base Non Formelle (CEBNF) et 3 200 Centres Permanents pour l’Alphabétisation et la Formation (CPAF).

Les 19 891 établissements scolaires enregistrent 85 433 élèves du préscolaire, 3 256 838 du primaire et 1 200 960 du post primaire et secondaire soit un total de 4 543 231 élèves.

Les 109 CEBNF comptent 146 animateurs et 107 superviseurs qui sont des agents du ministère.

Quant aux CPAF, les 3 200 animateurs et les 740 superviseurs sont des agents endogènes.

Au cours de l’année scolaire 2018-2019, l’Education non formelle (ENF) comptait 118 096 apprenants tous cycles confondus.

Dans chacune des structures, la collecte de fonds se fera sous la supervision du premier responsable. Les mois de février et de mars seront consacrés à cette collecte. Un comité de collecte et de suivi sera mis en place à tous les niveaux.

Ce comité se compose comme suit au niveau des structures centrales, déconcentrées, rattachées et de mission :

  • Superviseur: le premier responsable de la structure ;
  • Président: le responsable de la mutuelle des agents de la structure s’il y’en a/ou le délégué du personnel ;
  • Trésorier: le trésorier de la mutuelle des agents ou le responsable financier de la structure.

Au niveau des circonscriptions d’éducation de base (CEB) le comité se compose comme suit :

  • Superviseur: le CCEB ;
  • Président : le représentant de la mutuelle ou le représentant des enseignants ;
  • Trésorier : le gestionnaire de la CEB.

Ce comité sera chargé de la supervision et du contrôle de la collecte. Un point du déroulement de la collecte sera fait au Maire.

La collecte sera faite auprès des élèves/apprenants par les enseignants titulaires des classes et en collaboration étroite avec les parents d’élèves.

Au niveau des établissements, le comité se compose comme suit :

  • Superviseur: le chef d’établissement ;
  • Président: le représentant des enseignants ;
  • Vice-Président: le représentant des élèves ;
  • Trésorier: le responsable financier ou le trésorier du COGES.

La collecte sera faite auprès des élèves par les professeurs principaux en collaboration avec les délégués de classe, au niveau des établissements post-primaires et secondaires.

Les fonds collectés au niveau des structures déconcentrées (établissement, CEB, Province, Région) seront directement transférés au niveau région par transfert monétaire.

Au niveau provincial, le comité se compose comme suit :

      – Président : le Secrétaire général de la province ;

– Rapporteurs : DPEPS et DEPPNF ;

Membres :

– deux (2) représentants des Syndicats de l’Education ;

– deux (2) représentants des délégués des élèves ;

Ce comité sera chargé de la supervision et du contrôle de la collecte. Un point du déroulement de la collecte sera fait au Haut-Commissaire de la province.

Au niveau région, le comité se compose comme suit :

  • Président: un Conseiller technique du Gouverneur de région ;
  • Rapporteurs: DREPS et DREPPNF ;
  • Membres:
    • deux (2) représentants des Syndicats de l’Education ;
    • deux (2) représentants des délégués des élèves.

Le comité régional est chargé de centraliser toute cette collecte au niveau de la région. Un point du déroulement de la collecte sera fait au Gouverneur de région.

Chaque région reversera ses fonds au niveau central à la Direction de l’Administration des Finances (DAF) par transfert monétaire.

Au niveau central, le comité se compose comme suit :

  • Président: Monsieur le Directeur de Cabinet ;
  • Rapporteurs: La ST/ESU et DAF ;
  • Membres:
    • un Conseiller technique du Cabinet ;
    • un Chargé d’études du Secrétariat général ;
    • le DREPS du Centre ;
    • le DREPPNF du Centre ;
    • SP/ PLNEC.

Le comité central est chargé de faire le bilan des fonds reçus et de rédiger un rapport sur la collecte des fonds.

Chaque comité (niveau CEB et niveau établissements) devra se rencontrer de façon hebdomadaire pour faire le point de la collecte.

Au niveau province et région, la rencontre se fera chaque deux semaines.

Mesdames et messieurs les journalistes,

La communication étant capitale pour la réussite de la collecte de fonds, il est important de mettre en place une stratégie de communication pour une adhésion massive à la collecte de fonds. Cette communication s’appuiera sur les différents niveaux et les comités.

Au niveau des structures, la communication sera assurée par les différents comités. Il s’agira surtout de sensibiliser les élèves/ apprenants / stagiaires sur le bien-fondé de cette collecte pour susciter leur adhésion et cultiver en eux l’esprit de solidarité et de citoyenneté. Une note d’orientation sera élaborée à l’adresse des personnels et des élèves.

Avant de clore mon propos, je voudrais insister sur le fait que premièrement la contribution est volontaire, deuxièmement, cette initiative vise surtout à promouvoir l’éducation à la solidarité et à la citoyenneté à nos enfants et à leur faire prendre conscience de la situation difficile que traverse notre pays ces derniers temps, troisièmement, mettre en œuvre une stratégie de collecte qui permet la transparence et la redevabilité.

Un bilan sera intégralement fait à la fin du processus et enfin c’est une initiative que nous voulons pérenne afin de renforcer le sentiment d’appartenance à un même pays surtout à nos enfants.

Par ailleurs, je voudrais saluer une fois de plus la dynamique partenariale et interactive que vous hommes et femmes de médias, entretenez avec l’ensemble des acteurs du monde de l’éducation et que je souhaite grandissante et fructueuse.

Je vous remercie de votre aimable attention !

06 Février 2020

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