Les évêques ont terminé leurs travaux, en réitérant leur appel à continuer la prière en faveur de la réconciliation et de la paix dans les deux pays du Burkina et du Niger(photo d'archives)

DÉCLARATION DES ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE BURKINA-NIGER SUR LA SITUATION SÉCURITAIRE

A vous, fils et filles de l’Eglise Famille de Dieu au Burkina Faso et au Niger                                  et à vous, hommes et femmes de bonne volonté, citoyens ou amis de nos deux pays,               A vous tous épris de paix et de justice,Les évêques de la Conférence Episcopale Burkina-Niger, réunis à Ouagadougou, du lundi 10 au samedi 15 juin, pour leur troisième Assemblée plénière ordinaire annuelle, consacrée à la vie des commissions épiscopales, adressent leurs salutations dans le Seigneur.

  • Les pays de notre Conférence épiscopale, le Burkina Faso et le Niger, sont en proie à des attaques terroristes à répétition depuis quelques années. En dépit de l’engagement des forces de défense et de sécurité (FDS) sur le terrain, ces attaques terroristes connaissent une intensification  et prennent une nouvelle tournure, religieuse, à travers des enlèvements et des assassinats ciblés. La conférence des évêques du Burkina Faso et du Niger suit avec  un sentiment de désolation et une profonde consternation ces actes de terrorisme qui, quels qu’en soient les motivations et les auteurs et indépendamment de l’endroit et du moment où ils sont perpétrés, sont des crimes injustifiables.
  • En effet le 17 septembre 2018 un prêtre a été enlevé de son presbytère à Bomoanga, à150 kms au sud-ouest de Niamey, au Niger.
  • Au cours de ces derniers mois, un autre prêtre a été blessé par balles dans son presbytère, le 13 mai dernier à Dolbel au nord du Niger.
  • Le 15 février, un prêtre missionnaire Salésien qui rentrait du Togo, a été froidement abattu à Nohao dans le diocèse de Tenkodogo.
  • Un mois plus tard, c’est le curé de Djibo qui, le 17 mars a été victime d’enlèvement terroriste alors qu’il revenait d’une célébration eucharistique.
  • Quatre fidèles chrétiens catholiques, un fidèle protestant et trois tacherons ont été abattus, à Zeky, toujours dans le diocèse de Dori, pendant l’office du vendredi Saint d’avril dernier.
  • Le dimanche 12 mai, un prêtre du diocèse de Kaya et cinq de ses fidèles chrétiens ont été assassinés pendant la messe dominicale à Dablo.
  • Le lendemain, cette liste macabre s’est allongée avec l’assassinat de quatre fidèles à Singa, sur la Paroisse Notre-Dame du Lac de Bamdans le diocèse de Ouahigouya, diocèse voisin de Kaya, alors qu’ils revenaient d’une procession mariale. La statue de la Vierge Marie a été détruite.
  • Peu de temps après, quatre autres fidèles chrétiens de ce diocèse de Ouahigouya ont été abattus à Toulfè, localité de la paroisse de Titao pendant la prière dominicale.
  • Le 28 avril, une attaque d’un lieu de culte protestant à Silgadji, près de Djibo s’est soldée par la mort du pasteur et de cinq de ses fidèles.
  • Et la liste est longue, trop longue, de tant d’autres enlèvements et assassinats de responsables religieux, coutumiers et administratifs ici et là, d’enseignants, d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité et de bien d’autres.

Cette spirale d’horreurs faite d’enlèvements et d’assassinats de citoyens burkinabé ou nigériens, indépendamment de leur confession religieuse ou de leur appartenance ethnique est inadmissible. Par conséquent la Conférence Episcopale Burkina-Niger déclare solennellement qu’elle:

– condamne sans équivoque et avec la dernière énergie, toutes ces violences barbares, faites d’enlèvements, d’assassinats, de destruction de biens publics et privés, d’actes de profanation de lieux et d’objets de culte et autres sites sacrés;

– condamne également et de la même manière tout mouvement, groupe ou individu cherchant à utiliser toute différence religieuse, ethnique, sociale ou culturelle pour inciter ou s’adonner à la violence et autres activités hostiles causant la mort, des blessures ou des destructions de propriété, dans l’intention d’opposer les populations dont le vivre ensemble harmonieux a toujours eu pour socle, les valeurs humaines partagées ;

– dénonce la stratégie des terroristes qui consiste à semer la peur et la désolation au sein des populations et à alimenter entre elles la suspicion visant à semer ainsi des germes de conflits inter communautaires et inter-religieux ;

– redoute des problèmes de famine en perspective, eu égard aux mouvements de populations obligées de fuir ces exactions, abandonnant leurs champs et autres biens de productions.

– porte tous les disparus et les autres victimes en prières, en souhaitant prompt rétablissement aux blessés ;

– présente aux familles endeuillées ses sincères condoléances et l’assurance de ses prières.

  • La Conférence Episcopale Burkina-Niger appelle de tous ses vœux les populations éprises de paix et qui savent que leur vraie sécurité réside dans un vivre ensemble fait d’acceptation mutuelle et d’accueil réciproque :
  • à rester soudées, même dans l’épreuve et à tenir debout malgré cette recrudescence des attaques terroristes ;
  • à bannir de leurs comportements, toute attitude ou parole pouvant corroborer les visées lugubres et funestes des terroristes qui, en définitive, cherchent à semer le chaos.
  • à cultiver la cohésion entre les différentes composantes de nos peuples afin d’éviter de tomber dans les pièges des terroristes.
  • Les évêques du Burkina Faso et du Niger demandent de façon particulière aux chrétiens :
  • d’intensifier les mesures de prudence et de vigilance tant au niveau individuel que communautaire dans un climat de foi et d’espérance.
  • de continuer à rester résolument debout dans la foi, en se montrant disciples de Jésus-Christ, en se laissant toujours éclairer par le commandement qu’il nous a donné : ‘‘Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés’’ ( Jn 13, 34).
  • de rester disciples et témoins de celui qui a acquis sa victoire non pas par la violence, mais par l’amour ; autrement dit, être vainqueur du mal par le bien.
  • La Conférence Episcopale Burkina -Niger rappelle à tous que :
  • c’est dans la solidarité et l’amour sincère de la patrie que nous finirons par vaincre ceux qui veulent nous diviser en semant la haine dans les cœurs et en provoquant les conflits ;
  • l’avenir de nos populations appartient à ceux qui acceptent de se donner la main, dans un esprit de dialogue et de réconciliation, pour construire des nations où il fait bon vivre pour tous.

Enfin les évêques remercient nos Etats pour ce qui se fait déjà pour assurer la sécurité et la paix de nos peuples. Ils les interpellent cependant à mieux assumer leur mission régalienne en affirmant s’il le faut, l’autorité de l’Etat partout où cela s’avère nécessaire.

Puisse le Dieu qui est miséricordieux nous prendre en pitié et disposer nos cœurs à accueillir  la paix véritable qui provient de Lui seul.

Fait à Ouagadougou, le 13 Juin 2019

Les Evêques de la Conférence Episcopale Burkina-Niger

17 Juin 2019

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