Discours intégral du président Michel Kafando devant les députés de la transition burkinabè le 27 Octobre 2015

Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président du Conseil National de la Transition,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institutions,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Honorables membres du Conseil National de la Transition,
Mesdames et Messieurs les membres du corps Diplomatique,
Mesdames et Messieurs

En entrant ce matin dans cette enceinte, dans ce prestigieux temple des lois, je suis pris d’un léger frémissement, à l’idée que c’est ici que s’élaborent et se prennent les grandes décisions qui, avec celles du gouvernement, donnent corps, vie et légitimité à la Transition.

J’ai parlé de légitimité, un peu pour réfuter les fausses thèses et rhétoriques qui ne voient de légitimité que dans les urnes.

Permettez-moi de préciser que la légitimité est, avant tout, la claire conscience que l’on a de servir son pays à l’appel du peuple.

Honorables membres du Conseil National de la Transition, il n’y a pas plus légitime que vous, parce que vous êtes l’émanation directe et spontanée de la volonté populaire, telle qu’elle s’est exprimée les 30 et 31 octobre 2014. Onction du peuple, vous êtes la quintessence même de la représentation nationale et c’est en cette qualité que, Président de la Transition, je viens vous saluer et surtout vous rendre un vibrant hommage.

Venant à quelques mois de la fin de la Transition, mon adresse solennelle de ce matin se veut aussi être un témoignage de gratitude, à vous tous, membres du CNT et principalement à celui qui l’incarne au sommet, je veux parler du Président Moumina Chériff SY.

Nul ne peut ignorer le rôle éminent que vous avez joué, lors du plus ignoble attentat à la liberté du peuple burkinabè, le 16 septembre 2015.

Pendant les sept jours où la République a failli plonger dans le chaos et alors que l’Exécutif était embastillé, le Législatif a assuré, dans la clandestinité, la continuité et la légitimité.

Avec le concours de la jeunesse, de l’armée loyale, de la société civile, des syndicats, de la presse et de toutes les autres forces vives, vous avez ainsi sauvegardé la Nation et avec elle, notre souveraineté, notre fierté et notre dignité.

Et que dire du travail auquel vous avez été commis dans le cadre de la Transition ?

On peut affirmer, sans ambages, qu’en l’espace d’une année de mandat, l’œuvre législative du CNT a été immense, allant des préoccupations quotidiennes de la vie aux nécessités de la vie nationale. En particulier, le Conseil National s’est impliqué dans la recherche de la justice, ce qui a conduit à la mise en accusation devant la Haute cour de justice, d’anciennes personnalités.

Tout récemment encore, vous avez mené une enquête parlementaire sur les fraudes fiscales qui a déjà permis de recouvrer quatre milliards de FCFA pour le Trésor public et dont le rapport, transmis au gouvernement, fera l’objet d’un examen méticuleux, en espérant que la suite sera prise en compte par les prochaines autorités.

Là où nous ressentons ensemble de l’inconfort, c’est de n’avoir pas pu passer à la Ve République car, me semble-t-il, une telle exigence s’imposait bel et bien comme une obligation incombant à la Transition.

Faire des élections qui débouchent sur de nouvelles institutions suppose, en effet, que celles-ci aient pour socle une nouvelle République. Parmi les priorités du nouveau pouvoir, celle-ci devrait par conséquent figurer au premier rang.

L’histoire retiendra aussi qu’en matière de réformes, le CNT et le gouvernement auront fait œuvre utile.

Peut-être n’avons-nous pas mis l’accent sur la plus importante qui aurait pu transformer fondamentalement les pratiques et les mœurs dans le domaine du développement, je veux parler des réformes économiques. Mais c’est moins la volonté que le temps qui nous a manqué.

Laissez-moi vous dire cependant, que vous n’aurez rien fait encore si vous n’adoptez pas au plus vite les pertinentes recommandations de la Commission de Réconciliation Nationale et des Réformes, permettant d’apurer le passif et de parvenir, après justice rendue, à une réconciliation vraie, stable et pérenne des filles et fils de ce pays.

Soyez des Hercules de la liberté qui ne reculent devant aucun sacrifice pour donner au gouvernement les prérogatives nécessaires, afin que ses décisions soient respectées et que l’exécutif lui-même ressente la coercition du contrôle, par vous, de ses activités.

De tout temps et à travers les âges, l’histoire a démontré qu’un peuple qui sait rester uni est un peuple fort. L’exemple que notre pays vient de donner au monde, en bravant dans l’unité, la solidarité et aussi le courage, le grave danger qu’encourait la Nation, restera à jamais gravé dans les mémoires.

En comptant d’abord sur nous-mêmes, nous avons pu recevoir, comme par surabondance, la compréhension et le soutien de la communauté internationale. Un peuple uni est invincible ; un peuple debout comme un seul Homme met en déroute tous les imposteurs du monde.

Tel est, au demeurant, le message de l’insurrection populaire et de la résistance au coup d’Etat dont nous honorerons la mémoire des victimes les jours prochains.

Nos chers et regrettés compatriotes qui sont tombés, lors des évènements d’octobre 2014 et de septembre 2015, n’ont pas inutilement donné leur vie. Leur martyr a servi de terreau pour féconder le Burkina nouveau.

Et c’est pour perpétuer leur mémoire que le gouvernement déposera bientôt devant vous un projet de loi qui fera à jamais et légalement du 31 octobre la Journée des Martyrs.

Je considère enfin comme un devoir impérieux de la Nation, de rendre grâce à la Providence, pour nous avoir tirés du danger chaque fois que nous en étions gravement menacés. A cet effet également, le gouvernement soumettra à votre auguste Assemblée une proposition. En considérant les graves crises que nous avons surmontées, quelquefois miraculeusement, en se disant que nous aurions pu comme certains pays, être dans la guerre civile, il me semble d’une grande pertinence que chaque année, nous offrions un grand Te Deum en reconnaissance au Maître du Temps et de l’Histoire. Un grand peuple, c’est aussi celui qui sait dire merci.

Monsieur le Président,

Honorables membres du CNT

Il me reste maintenant à vous témoigner mon infinie reconnaissance, pour l’accueil que vous m’avez réservé ce matin, signe manifeste du grand intérêt et surtout de la confiance que vous portez au Président de la Transition.

Nous cheminons ensemble sur ce grand boulevard de l’espérance qui nous conduit tout droit vers les échéances électorales. Ensemble, nous relèverons ce grand défi, convaincus que la vérité et la justice sont de notre côté, dès lors que notre profession de foi est et demeure : servir le Burkina Faso et le peuple burkinabé dans la paix, la tolérance et la compréhension.

Honneur au Conseil National de la Transition !

Vive le Burkina Faso !

Je vous remercie

www.laborpresse.net
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