Hillary Clinton est désormais officiellement candidate dans la course à la Maison Blanche. Ici, le 16 septembre 2007 dans l'Etat de l'Iowa.REUTERS/Joshua Lott

Etats-Unis: Clinton se lance dans la course à la Maison Blanche

Dans un message vidéo adressé aux Américains, l’ancienne première dame des Etats-Unis, devenue ensuite secrétaire d’Etat pendant le premier mandat de Barack Obama, a annoncé le dimanche 12 avril  2015 sa candidature à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2016. Hillary Clinton est la première démocrate à s’engager dans la course à la Maison Blanche.

       Après des mois de faux suspense, la campagne d’Hillary Clinton est lancée. L’ancienne première dame et ex-secrétaire d’Etat a officialisé sa candidature dans une vidéo diffusée sur son site internet. La même méthode qu’en 2007, mais avec un ton tout à fait différent, analyse notre correspondant à Washington Jean-Louis Pourtet. A la précédente élection, elle tenait salon dans sa luxueuse maison de Georgetown, un quartier huppé de Washington, et invitait les Américains à une conversation. Huit ans plus tard, Mme Clinton se fait filmer à l’extérieur, dans un lieu anonyme, et n’apparait que brièvement au cours des deux minutes de l’enregistrement.

En 2007, Hillary Clinton avait donné l’impression qu’en tant qu’ancienne première dame, et ancienne sénatrice, non seulement l’investiture démocrate, mais aussi la présidence, lui était dues. Huit ans plus tard, elle adopte un comportement beaucoup plus humble. Elle laisse la vedette à cette Amérique moyenne dont elle veut être la « championne ». Le clip est très sophistiqué, et personne n’a été oublié : les mères de famille, les enfants, les étudiants, les artisans, les couples gays, les retraités, les Blancs, les Noirs, les Hispaniques, les Asiatiques. Et d’annoncer son principal thème de campagne : la lutte contre les inégalités.

Les républicains connaissent leur cible

Pour la deuxième fois, Hillary Clinton se lance donc dans la course à la présidence des Etats-Unis. Son état-major quasiment au complet, les militants sillonnent le terrain, notamment l’Amérique profonde où Hillary Clinton n’arrive pas en terrain conquis. De nombreux transfuges de la Maison Blanche, de ceux qui ont bâti la victoire d’Obama, ont par ailleurs commencé à travailler sur la candidature de l’ancienne secrétaire d’Etat avec, semble-t-il, les encouragements du président. L’ancien rival pense à son « héritage ». Douze années de présidence démocrate, cela ne s’est pas vu depuis Franklin Roosevelt et Harry Truman. Ce serait, pour Barack Obama aussi, un succès.

A 67 ans, Hillary Clinton est pour l’instant la première candidate du Parti démocrate. D’après les sondages, elle a toutes ses chances. Elle pourrait n’avoir quasiment aucune opposition dans son propre camp. Est-ce un handicap ou un avantage ? Les avis sont partagés. Mais les républicains connaissent leur cible. Avec ses états de service auprès de son mari à la Maison Blanche et au secrétariat d’Etat avec Barack Obama, la candidate doit trouver une voie pour apparaître différente.

Pour Thomas Snégaroff, directeur de recherche associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques et spécialiste des Etats-Unis, il ne fait aucun doute qu’Hillary Clinton sera la candidate du Parti démocrate et deviendra ainsi la première femme à briguer le poste de la Maison Blanche. « Historiquement, c’est plutôt un handicap d’être une femme en politique, puisqu’il n’y a jamais eu de femme choisie par son propre parti, analyse-t-il, mais je crois que cette année ça peut changer. »

Hillary Clinton pensait déjà l’emporter en 2008, avant d’être battue par Barack Obama à la primaire démocrate. Ici, à l’université de Georgetown le 3 décembre 2014.REUTERS/Kevin Lamarque/Files

De nombreux atouts

Ce qui a en effet changé en huit ans, c’est en tout cas la préparation, sans doute. Notre correspondante à Washington Anne-Marie Capomaccio rappelle qu’en 2008, Hillary Clinton pensait qu’elle pouvait l’emporter sans difficulté. Or, Barack Obama a ruiné ses plans. La candidate pourrait donc avoir tiré les leçons de son échec. Clinton, explique Thomas Snégaroff, « c’est un nom, une fortune, une capacité à lever des fonds, une expérience, et c’est aussi quelqu’un qui a connu un échec, qui a appris de cet échec et qui saura les erreurs à ne pas commettre. »

« On voit dans cette candidature une humilité apparente, constate le chercheur. Rien n’est acquis d’avance. C’est ce qui a manqué un peu en 2008. » Exemple : en 2007, on avait en effet reproché à Mme Clinton son manque de proximité avec le terrain. Cette année, la campagne commence donc avec des réunions dans les Etats-clés que sont l’Iowa et le New Hampshire. Rappelons que la dernière fois, l’ancienne première dame s’était classée troisième chez les démocrates dans le caucus de l’Iowa, forme de vote qui s’apparente aux primaires et qui donne une première idée de la popularité d’un candidat avant la mythique élection du New Hampshire.

Au cours des prochains mois, l’ancienne secrétaire d’Etat devrait éviter les grands rassemblements publics et se concentrer sur des rencontres avec des petits groupes, ce qui lui permettra d’avoir un contact plus direct avec les électeurs. Car c’est en petit comité qu’Hillary Clinton révèle ses qualités méconnues. Elle sait en effet se montrer chaleureuse, sympathique et drôle. Loin de l’image de la femme assoiffée de pouvoir, cupide et dissimulatrice qui lui colle à la peau. Ses deux défis : s’humaniser auprès du public et expliquer pourquoi elle veut être présidente, au-delà du simple désir d’être la première femme à diriger les Etats-Unis.

La carte de la grand-mère

Hillary Clinton joue donc sur sa compétence, sur son expérience de la politique, mais aussi, tout de même, sur la carte féminine. Beaucoup plus qu’en 2007, d’ailleurs. Elle insiste notamment sur son nouveau rôle de grand-mère, assumé et exploité dans les médias. Il y a quelques semaines, lors d’un débat sur la vaccination des enfants, elle a tweeté : « Il faut vacciner les bébés – les grand-mères savent ce qu’il faut faire. » Un positionnement inédit dans une campagne présidentielle.

En 2016, au moment de l’élection, Hillary Clinton aura 69 ans. Pour Thomas Snégaroff, c’est un atout. « Cela permet de connecter avec une Amérique qui a vieilli. Bien sûr, il faudra aussi séduire les jeunes électeurs pour gagner l’élection. Mais il y a un pari, là, c’est aussi de faire le plein des voix des gens qui lui ressemblent, à savoir cette génération née après-guerre qui est très nombreuse aux Etats-Unis. »

Les obstacles Obama et Bill

Dans sa course à la Maison Blanche, Hillary Clinton va devoir éviter plusieurs obstacles, à commencer par Barack Obama lui-même et son époux Bill Clinton, qui a promis de rester en coulisse pour ne pas lui faire d’ombrage. Tout en prenant ses distances avec l’actuel président, la candidate à l’investiture démocrate va également devoir continuer à s’assurer de son soutien, prévient ainsi Simon Sarfati, professeur au Centre d’études des relations stratégiques et internationales de Washington :

« Il lui faudra entreprendre des acrobaties d’autant plus difficiles qu’Obama, dans la recherche de son héritage, dans la recherche de sa place dans l’histoire, risque de prendre certains risques, comme il le fait avec l’Iran, qui rebondirait sur la candidature de Clinton », considère Simon Sarfati. « Le deuxième obstacle, c’est son mari. Bill Clinton, qui a aujourd’hui une popularité de beaucoup supérieure à celle de quelques personnalités politiques du moment, y compris Barack Obama, et qui néanmoins reste un peu imprévisible parfois. »

Source:rfi.fr


 

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