Vue aérienne de logements.

Le faux-procès de l’immobilier au Burkina Faso

EDITORIAL                                                 

La polémique s’intensifie sur la législation et la gestion foncières au Burkina Faso. La Réforme agraire et foncière(RAF), a fait l’objet de moult révisions en raison des divergences sur les questions de propriété foncière et sur la gestion scabreuse des lotissements par des municipalités. On est passé de la loi qui conférait la propriété exclusive de la terre à l’Etat, à l’extension de la propriété à trois entités (l’Etat, les collectivités territoriales, les individus propriétaires terriens).Cette dernière formule de la législation en vigueur depuis 2012, est de nouveau contestée par certains citoyens, activistes des questions  et associations foncières, avec des ramifications au niveau de quelques acteurs politiques. La polémique est vive, sans cependant être sous-tendue par des propositions alternatives convaincantes.

L’argument récurrent usité, insinue qu’il faudrait ramener la propriété de la terre à l’Etat. Motif,  éviter que les propriétaires terriens  ne bradent de vastes superficies à des promoteurs immobiliers, qui font de la surenchère sur les logements au détriment du commun des Burkinabè .Une frange de la société, dont la faible capacité financière, ne permet pas d’accéder à ces logements exorbitants. Il s’agit là, d’une mauvaise équation à un problème réel et préoccupant. De façon objective, ce n’est pas la loi actuelle qui est mauvaise. Mais, c’est plutôt l’Etat, à travers le gouvernement qui ne joue pas bien son rôle d’arbitre suprême dans la répartition des rôles entre les 3 entités.

Il appartient à l’Etat de réserver de grandes superficies dans toutes les communes, à toute fin utile. Ensuite, délimiter des superficies réservées aux municipalités. Limiter un nombre précis d’hectares, qu’aucun promoteur immobilier ne devrait excéder dans une commune, pour éviter la boulimie de l’accaparement des terres à des fins mercantiles, sans aménagement et plan d’urbanisme adéquat.

En procédant de la sorte, les rôles seront mieux assumés. Des citoyens peu nantis, pourront acquérir des lopins de terres auprès des municipalités dans les superficies réservées aux collectivités territoriales, à des coûts modérés, comme d’habitude. Les citoyens  disposant de grands moyens et qui veulent un logement sans tâtonnement et lourdeur administrative de l’Etat et de ses démembrements municipaux, pourront s’adresser aux promoteurs immobiliers privés probants.

Il  ne faudrait pas commettre encore, l’erreur de ramener la propriété exclusive de la terre à l’Etat, dont les tares se définissent par les lourdeurs administratives, la spéculation foncière de conseillers municipaux, avec de double et multiples attributions  litigieuses de parcelles. Il s’avère évident que de nos jours, l’Etat ne saurait seul satisfaire les immenses besoins de logements des Burkinabè, dont la plupart, préfèrent avoir des moyens de locomotion modestes (vélos, motos), afin de pouvoir acquérir un lopin de terre comme résidence.

Par conséquent, c’est un vrai faux-procès qui se fait dans le domaine de l’immobilier actuellement au Burkina Faso. Dans la gouvernance, le pouvoir doit avoir l’humilité et la patience d’écouter les préoccupations et revendications des citoyens, sans être l’otage d’une dictature ténébreuse du prolétariat. Il faut savoir trouver des solutions idoines aux préoccupations, en expliquant le bien-fondé et éviter les tâtonnements et éternels recommencements.

Jean KY

Laborpresse.net                                 1er Décembre 2019

 

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