Maurice Kakou Guikahué (g), secrétaire exécutif du PDCI et directeur de campagne d’Henri Konan Bédié (d). pdcirda.ci

Maurice Kakou Guikahué (PDCI) «Ouattara ne peut pas gagner les élections» en Côte d’Ivoire

La Commission électorale indépendante a enregistré 45 candidatures à la présidentielle ivoirienne prévue le 31 octobre prochain. Parmi eux, l’ancien président Laurent Gbagbo ou encore l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, ne devraient pas être autorisées à se présenter. C’est donc l’ancien président Henri Konan Bédié qui apparaît comme le principal challenger de l’actuel chef de l’État ivoirien Alassane Ouattara. Pour Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du PDCI et directeur de campagne d’Henri Konan Bédié, une victoire d’Alassane Ouattara est inenvisageable. C’est mathématique.

RFI : Comment réagissez-vous aux candidatures de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro ?

Maurice Kakou Guikahué : Ce sont des candidatures normales, d’autant plus que ce sont des citoyens ivoiriens, donc ils devraient être candidats.

Leurs candidatures risquent pourtant d’être invalidées.

Oui, parce qu’ils ont été exclus de la liste électorale pour des raisons fallacieuses, plus politiques que juridiques.

Mais des condamnations existent.

Mais la justice a été manipulée, c’est tout. Il n’y a rien du tout, c’est juste pour les écarter.

Alors, vous ne cessez de dire que la candidature du président Ouattara est anticonstitutionnelle, mais comme le rappelle Patrick Achi, vous-même vous aviez appelé à voter en faveur de ce changement de Constitution et à aucun moment, à l’époque, vous n’aviez alerté sur ce risque d’un troisième mandat. Si vous le faites aujourd’hui, n’est-ce pas simplement parce que vous êtes dans l’opposition ?

Non, pas du tout. Même si nous avions été RHDP, nous aurions dit au président Ouattara de faire le choix d’une autre personne, pas lui. C’est une question de principe. C’est parce que nous avons appelé au vote de cette Constitution que l’on veut que cette Constitution soit appliquée. Et nous savons tous, si nous avons fait campagne pour cette Constitution, il y avait l’article 183, en ce qui concerne les mandats, qui dit que toutes les dispositions qui ne sont pas contraire dans les deux Constitutions, sont valables. Donc comme l’ancienne Constitution dit deux mandats et la nouvelle Constitution dit deux mandats, c’est deux mandats. Donc, le président Ouattara, est-ce qu’il a fait deux mandats ? Oui, il n’a pas le droit à un troisième.

Est-ce que finalement Henri Konan Bédié n’aurait pas préféré avoir un autre candidat face à lui plutôt qu’Alassane Ouattara ?

Non ! Ouattara ne peut pas gagner les élections. Donc, nous on n’a pas peur de Ouattara. En 2010, si Bédié avait choisi Gbagbo, Gbagbo était président. Bédié a choisi Ouattara, Ouattara a été président. C’est nous qui avons battu sa campagne. Ses éléments RDR ne pouvaient rentrer dans certains milieux, dans certaines régions. C’est nous qui sommes rentrés, le PDCI, pour battre campagne. Et aujourd’hui, nous ne sommes pas avec lui, donc il y a des zones où il ne pourra pas faire grand-chose. C’est ça la réalité. Aujourd’hui, il y a rupture, le PDCI s’est retiré, l’UDPCI de Mabri est parti, Gnamien Konan est parti, Soro de UPCI est parti, donc Ouattara ne vaut plus un million d’électeurs mathématiquement. Voici la réalité de la Côte d’Ivoire aujourd’hui.

De graves violences ont eu lieu dans le pays ces dernières semaines. Faut-il craindre des conflits intercommunautaires 

C’est le danger et ne voulons pas que les populations soient manipulées. Le problème qui est posé, c’est un problème de troisième mandat du président Ouattara. La population s’est soulevée. Ce n’est pas un truc comme quelque chose de communautaire, c’est dans tout le pays, c’est une réaction républicaine.

Mais est-ce que Henri Konan Bédié ne souffle pas sur les braises quand il parle « des étrangers » ?

Non, il n’attise rien du tout, c’est lui qui stabilise l’opposition. Si le président Bédié n’était pas le couvercle, mais ce que vous allez voir en Côte d’ivoire c’était plus grave. Donc, au contraire, il faut dire merci au président Bédié. Il n’attise rien du tout. Alors la rengaine qu’ils ont souvent, on dit Bédié et l’ivoirité… mais C’est faux. D’autant plus que ce même Bédié qui parlait d’ivoirité, ce n’est pas lui qui a fait élire Ouattara en 2010 ? Il a fait élire Ouattara deux fois ! Donc le discours est dépassé. Les Ivoiriens ne sont plus sensibles à ce discours. C’est un discours suranné.

Plusieurs voix commencent à demander un report des élections pour permettre un dialogue politique. Y êtes favorable ?

J’ai dit que nous sommes favorables au dialogue politique. Il ne faut pas prendre les choses à l’envers. Il faut d’abord le dialogue politique qui va décider si on reporte. C’est à la table des négociations que l’on va prendre les décisions.

Que pourrait permettre un tel dialogue selon vous ?

Mais régler beaucoup de choses et d’abord le cas de Gbagbo, de Soro, les prisonniers politiques, la Commission électorale indépendante, la liste électorale, et la candidature de Ouattara. Tout ça, ça fait partie du dialogue. Il va créer un environnement sain pour les élections, y compris le Conseil constitutionnel dont on vient de nommer trois membres à deux mois des élections.

N’est-il pas trop tard ?

Il n’est jamais trop tard pour dialoguer. Parce que quels que soient les conflits, ils finissent toujours par le dialogue. Il n’est jamais trop tard.

Vous avez obtenu un siège à la CEI, la Commission électorale, pourquoi n’y siégez-vous pas ?

Parce que les conditions ne sont pas remplies. Nous sommes rentrés, on n’a pas prêté serment parce que la règle de la Cour africaine des droits de l’homme n’est pas appliquée.

Vous jouez l’obstruction ?

Non, on ne joue pas l’obstruction, le PDCI est ouvert. Le PDCI sait que le pays a souffert aux dernières élections avec la crise post-électorale, avec de nombreux morts. Donc, le PDCI appelle à des élections inclusives, transparentes, apaisées.

Source: rfi.fr

10 septembre 2020

Share This:

Check Also

Burkina Faso : les partis politiques semblent avoir dilué leur café fort et whisky pour reconnaitre la lutte contre le terrorisme comme la priorité nationale

Billet Le Président du Faso, président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré a eu …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Image CAPTCHA

*

× Comment puis-je vous aider ?