L'ex-première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, lors de son deuxième procès devant la justice ivoirienne à Abidjan, le 31 mai 2016. © ISSOUF SANOGO / AFP

Procès Simone Gbagbo: l’ex-première dame acquittée de crime contre l’humanité

La Cour d’assises d’Abidjan a acquitté mardi 28 mars 2017  l’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo. Elle était jugée depuis près de dix mois pour crime contre l’humanité lors de la crise post-électorale 2010-2011.

« Le jury à la majorité déclare Simone Gbagbo non coupable des crimes qui lui sont reprochés, prononce son acquittement et ordonne qu’elle soit remise immédiatement en liberté si elle n’est retenue pour d’autres causes » a déclaré le juge Kouadjo Boiqui, président de la Cour d’assises.

Ce verdict a été prononcé à la majorité des six jurés civils, au bout de sept heures de délibéré. Un véritable coup de théâtre tant depuis le début du procès en mai la partie civile et le procureur général semblaient sûrs de leurs faits concernant les pièces livrées au dossier d’inculpation qui devaient attestés de la culpabilité de l‘épouse de Laurent Gbagbo.

Des documents des témoignages qui selon eux ne laissait planer aucun doute concernant le rôle de chef de guerre de patronne des soldats et des milices pro Gbagbo qui auraient commis les exactions au marché d’Abobo bombardé ou contre les manifestants pro-Ouattara de la RTI mitraillé.

L’accusation stigmatisait l’implication au sein d’une cellule de crise de Simone Gbagbo décrite par ses détracteurs comme une femme « vindicative, rancunière et haineuse ». Seulement voilà, ce n’est pas le portrait d’un psychologue et une réputation qui font une culpabilité. Et aux yeux de bon nombres d’observateurs qui suivaient ce procès le dossier d’instruction était faible, bien trop faible, pour permettre à un jury de prononcer avec assurance une peine de prison à vie requise par le procureur.

Simone Gbagbo est donc blanchie des crimes dont on l’accuse mais pas libérée pour autant. Puisqu’il y a deux ans, devant cette même Cour d’assises à Abidjan, elle avait été condamnée à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat.

La défense remercie la Cour d’assises

L’un des avocats de l’accusée, maître Rodrigue Dadjé, qui depuis plusieurs semaines boycottait ces assises, se félicite du verdict, alors que selon lui, les conditions « d’équité et de transparence » n’étaient pas rassemblées dans ce procès. « L’environnement du procès ne nous a pas rassuré. Un, les organisations de défense des droits de l’homme ont décidé de ne pas participer à ce procès. Deux, les avocats de la défense ont décidé de se retirer parce que la juge ne voulait pas mettre les acteurs des faits à la disposition de la justice pour qu’on ait leur version des faits. Trois, les avocats commis d’office de façon indépendante par le barreau ont décidé de se retirer. Donc les conditions du procès n’étaient pas sereines et équitables. »

Face à cette situation, il remercie « le courage » de la décision prise ce mardi : « La Cour d’assises a rattrapé les choses à la fin en rendant une décision d‘acquittement qui, pour nous, était la normalité, nous disons merci à la Cour d’assises d’avoir eu ce courage parce que ce n’est pas évident sous les démocraties africaines de subir la pression du pouvoir et de rendre une telle décision. »

Pour le procureur général, qui avait requis la perpétuité, il est nécessaire de rappeler qu’« il s’agit d’un jury populaire, de personnes qui ne sont pas spécialistes du droit. Donc, ce qui leur est demandé, c’est l’intime conviction qu’ils ont quant à ce qui est reprochée à l’accusée. C’est leur sentiment, leur émotion qui a été demandée. Et donc le sentiment, l’émotion ont parlé et ont estimé qu’elle n’était pas coupable de ces deux infractions. »

Le procureur pense également voir dans ce verdict un message politique. « Peut-être aussi ont-ils voulu envoyer un signal fort aux politiques pour la réconciliation, se disant peut-être que c’était la manière la plus rapide de faire parvenir à la réconciliation. En tout cas le procès s’est tenu, et voilà le verdict qui a été rendu. »

Mais pour le collectif des victimes, « c’est la tristesse et la désolation pour les victimes en Côte d’Ivoire » se désole Issiaka Diaby, le président du collectif. « La Côte d’Ivoire vient de démontrer qu’elle n’a ni la capacité ni la volonté de rétablir les victimes dans l’indignité. Nous appelons immédiatement à l’exécution du mandat d’arrêt à l’encontre de Simone Gbagbo et nous allons nous retrouver à la CPI pour que cette affaire soit tranchée une bonne fois pour toute. »

Source:rfi.fr

29 mars 2017

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