Togo: les blessés pansent leurs plaies, les interpellés comparaissent
Un homme blessé, couché sur une civière à l'hôpital de Bè, le 19 octobre 2017. © YANICK FOLLY / AFP

Togo: les blessés pansent leurs plaies, les interpellés comparaissent

L’appel à manifester vendredi 20 octobre 2017, lancé par l’opposition, n’a pas été suivi. En revanche, certains des Togolais qui avaient été arrêtés lors des heurts survenus aux cours des manifestations de ces derniers jours ont commencé à comparaître devant la justice et les premières condamnations ont été prononcées. Par ailleurs, le bilan des derniers jours est lourd, avec six morts et une centaine de blessés, selon l’opposition.

Peur ou bien lassitude ? Vendredi 20 octobre 2017, l’opposition a appelé à manifester, mais les jeunes ne sont pas descendus dans la rue. Les deux jours précédents, en revanche, leur marche interdite par les autorités a été durement réprimée. Jeudi, les manifestants n’ont même pas réussi à se rassembler.

Ce jour-là, il est 11h40, à l’hôpital du district n°2 situé à Djifa-Kpota. Personne ne peut y avoir accès ; dans le quartier, la course poursuite continue entre forces de sécurité et jeunes manifestants. Les blessés qui arrivent sont renvoyés, car, officiellement, l’hôpital ne dispose plus de matériels pour soigner ; la veille, plusieurs blessés ont été secourus dans ce centre. C’est à l’hôpital de Bè que nous rencontrons ce blessé.

« Les militaires étaient nombreux. Ils m’ont pris, ils m’ont bastonné, et c’est ici à l’hôpital que je me suis réveillé », raconte-t-il. Sauvé de ses blessures, il est retourné chez lui, sa moto endommagée.

Jeudi après-midi, Jeff est à trente kilomètres à l’est de Lomé. Il entend des bruits dehors, sort et aperçoit les voisins courir. Il décide alors de faire demi-tour mais ne pourra pas continuer : il tombe. Nous l’avons retrouvé, couché sur une petite natte dans sa chambre, il se plaint de douleurs à la poitrine. « Non, ils ne m’ont pas frappé. Ils ont tiré, je ne sais pas quoi, je l’ai reçu comme des billes à la poitrine et à la cuisse, ici et là, à trois endroits », montre-t-il.

Il n’est pas allé à l’hôpital, la clinique de fortune de son quartier ne peut rien et le renvoie au Centre hospitalier régional d’Aného situé à une vingtaine de kilomètres plus loin. Mais en ce moment, les barricades jonchent la voie, il est impossible de circuler. C’est donc Roméo, un voisin, qui fera venir un infirmier pour les premiers soins, dans la nuit. Il est désormais à la charge de Roméo.

Début d’une procédure judiciaire

Pendant que les blessés se soignent, parfois difficilement mais libres, trente personnes, interpellées lundi et mardi au cours des heurts entre manifestants et forces de l’ordre, ont comparu devant le tribunal de première instance de Lomé.
Toutes étaient accusées de trouble à l’ordre public, résistance aux forces de l’ordre, voies de fait, violences et rébellion.

Sur les trente prévenus, un seul était représenté par un avocat. Ce dernier, après s’être vu refuser une demande de report pour prendre connaissance du dossier de son client, a finalement quitté la salle sans plaider.

Finalement, au terme d’une longue journée d’audience, il aura fallu moins d’une heure au tribunal pour délibérer puis rendre son verdict. Seize personnes ont été condamnées à 18 mois de prison, dont 8 mois avec sursis.
Dix autres ont été relâchées, au bénéfice du doute. Les dossiers de trois mineurs devront être revus par le procureur. Enfin, une personne apparemment atteinte de troubles mentaux devrait aussi être libérée.

Une cinquantaine d’autres prévenus, interpellés mercredi et jeudi, ont également commencé à être entendus par le procureur. Mais les interrogatoires ont été suspendus à la nuit tombée.

Un camion de police dans une rue de Lomé, le 18 octobre 2017. © Reuters TV

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