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Dans une étude, deux chercheurs américains estiment à plus de 250 000 le nombre de morts dus chaque année aux erreurs médicales, un chiffre qu’ils jugent eux-mêmes en dessous de la réalité. En France, selon un rapport de 2013, le phénomène avoisinerait les 30 000 victimes annuelles.
Selon leurs résultats parus dans la revue scientifique British Medical Journal, les erreurs médicales représenteraient la troisième cause de décès aux Etats-Unis, derrière les maladies cardiovasculaires et les cancers. Outre-Atlantique, 250 000 personnes environ en seraient victimes chaque année.
Erreurs de diagnostic, surdoses de médicaments, soins mal administrés… Les raisons sont nombreuses. Même s’il n’existe aucune statistique offiielle sur les décès liés aux erreurs médicales, leur nombre estimé oscille entre 210 000 et 400 000 personnes hospitalisées aux Etats-Unis. Elles sont donc plus meurtrières qu’en Afrique le sida et le paludisme réunis. Les auteurs se sont basés sur des études répertoriant des admissions à l’hôpital de 1999 à 2013. Ils estiment ainsi que le chiffre avancé de plus de 250 000 est sous-évalué puisqu’il ne concernerait que des personnes décédées à l’hôpital.
Les complications évitables grâce à une meilleure communication font partie de la liste des raisons attribuées à ces morts
Les chercheurs préconisent des enquêtes indépendantes dans le cas de certains décès, comme le fait de vérifier si des erreurs médicales ont été commises, mais ils souhaitent surtout que soient inscrites systématiquement dans le certificat de décès les complications liées aux soins qui auraient, ou qui ont pu jouer, un rôle dans le parcours de santé du patient.
Cette étude a le mérite de reconnaître un problème de santé méconnu, et pas uniquement aux Etats-Unis. En France, un rapport de 2013 évoquait une fourchette de 10 000 à 30 000 décès par an imputables à un accident médicamenteux. « Avec 15 millions d’hospitalisations en France cette année-là, le nombre de décès pourrait ainsi avoisiner les 50 000 », rapportait l’année dernière une association de défense de patients victimes d’accidents médicaux. Ce qui en fait, comme aux Etats-Unis, la troisième cause de mortalité après les cancers et les maladies cardiovasculaires.
La dernière grande enquête date de 1998
La dernière grande enquête consacrée au phénomène date de 1998. Une approche scientifique fiable doit débuter par une reconnaissance du problème afin de répondre aux menaces qui pèsent sur la santé des patients, estiment les deux chercheurs américains. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) prévoit de réaliser une étude de grande ampleur en 2017 sur les effets cliniques indésirables pour un patient induits par l’administration d’un ou de plusieurs médicaments. Ce phénomène porte un nom : la « iatrogénie ».
Bérenger Traoré
Laborpresse.net 28 décembre 2020
